Si l’ensemble des candidats à l’élection présidentielle rêvent d’un modèle de développement plus harmonieux, tous n’ont pas la même manière d’envisager la biodiversité ou le principe de précaution. Préservation de la planète et croissance économique ne font pas toujours bon ménage.
Bonne nouvelle. Aucun candidat à la Présidence de la République ne semble défavorable à la protection de la planète. De l’ancien berger Jean Lassale qui entend "libérer l’écologie de la financiarisation qui la dénature" en se reposant "en premier lieu sur les communes et les communautés locales" à Emmanuel Macron qui veut mettre "en œuvre les mesures nécessaires pour cohabiter avec nos populations de grands carnivores (loups, lynx, ours)", tous ont dans leur besace quelques propositions factuelles à présenter. À grande échelle néanmoins, chacun a sa manière bien à lui d’envisager la crise écologique… "La réalité de notre modèle de développement, c’est qu’on consomme deux fois trop de ressources et qu’on pollue deux fois trop, estimait jeudi 23 mars Yannick Jadot en présentant le programme de Benoît Hamon à la Fondation pour la recherche sur la biodiversité (FRB). Il y a celles et ceux qui se disent qu’il faut mettre le modèle économique à la taille de la planète et il y a ceux qui sont plutôt dans le déni".
Si l’artificialisation des sols fait l’unanimité contre elle, on voit avec un projet très clivant comme celui de l’aéroport de Notre-Dame-des-Landes que certains choix sont cornéliens et que les candidats n’ont pas tous le même degré d’ambition. Face à la pollution croissante des nappes phréatiques et des rivières, Jean-Luc Mélenchon veut ainsi sortir "des approches palliatives (mélanges d’eaux pour atteindre les normes) et/ou curatives (traitement)", estimant qu’il "coûterait au final bien moins cher de prévenir", en particulier "en assurant la transition agricole vers des productions sans engrais chimiques de synthèse". De son côté, Yannick Jadot estime que son candidat est le mieux à-même de "fixer un cap qui permet à la fois de protéger la biodiversité à haute valeur et la nature dans l’ensemble de nos espaces", notamment en rendant "opposables l’ensemble des trames vertes et bleues en matière d’aménagement" et en faisant en sorte que les organismes de recherche ne voient plus leurs travaux dictés par des intérêts privés via des financements trop ciblés, par exemple pour accompagner les études sur les pollutions émergentes.
Environnement
La mise en place d’une stratégie environnementale cohérente s’impose de plus en plus aux entreprises du fait de la complexité de la législation pour la protection de l’environnement et de la multiplicité des réformes. En effet, de nombreuses lois et réglementations ont récemment impacté les activités économiques (autorisation environnementale, concernant notamment les ICPE, loi de transition énergétique, loi biodiversité)
Au-delà des mesures concrètes voulues par les uns et les autres, l’encadrement juridique de la protection de la nature est un enjeu de taille. Sur le papier, tout le monde tombe là encore d’accord. Il faut "mettre en œuvre dès que prime l’incertitude le principe de précaution tout en refusant de céder dans les discours catastrophistes", résume François Asselineau… Une assertion qui frise l’oxymore et qui peut être différemment interprétée. "Je ferai entrer la préservation des biens communs environnementaux comme l’eau et l’air dans la Constitution pour donner à la puissance publique un cadre de priorités claires", promet Benoît Hamon. A contrario, certains voudraient simplifier la loi fondamentale pour en extirper une règle considérée comme trop stricte. "Il nous faut emprunter les voies de l’innovation et du progrès scientifique, ne pas renoncer aux projets d’avenir au nom du principe de précaution, qui sert aujourd’hui de prétexte à l’inaction. Ce dernier doit disparaitre au profit du principe de responsabilité", tranchait François Fillon dans un document publié en octobre dernier dans la lignée des promesses qu’il avait faites lors de la primaire de la droite.
La disposition ne figure plus dans l’actuel programme du candidat de la droite républicaine. Et pendant la rencontre de la FRB, son représentant Bertrand Pancher a rassuré l’auditoire en jurant qu’il n’était finalement "pas question de l’abroger"… Une promesse que s’est bien gardé de faire François Fillon directement. À un degré moindre, Emmanuel Macron joue parfois sur l’ambigüité pour ne fâcher personne. "Je suis pour maintenir le principe de précaution et l’appareil juridique qui en a découlé, mais je suis en même temps (…) pour que la France soit un pays qui aime le risque, qui accepte l’échec et qui valorise l’innovation, l’invention, la technologie", déclarait-il le 9 février au WWF. Plutôt que de s’appesantir sur les difficultés que rencontrent certains territoires à développer leur tissu industriel tout en préservant leur biodiversité, le candidat a par ailleurs tendance à cantonner son discours sur la protection du vivant aux collectivités d’Outre-mer. Son programme prévoit d’y localiser l'Agence française pour la biodiversité (AFB).
Marine Le Pen passe plus vite sur le sujet. L’AFB "est un prototype UMPS. Cette énième structure administrative constitue un outil punitif qui permet à l’État d’appliquer aux territoires ruraux sa vision citadine de l’écologie", résumait sa nièce, la députée Marion Maréchal-Le Pen le 25 mars 2015. Les soutiens de la candidate sont par ailleurs peu diserts au chapitre des propositions, y compris parmi le collectif Nouvelle écologie qui se contente de souligner "l’urgence de la préservation d’un certain nombre d’espèces". À noter au passage la capacité de la candidate à utiliser la biodiversité pour glisser sur ses thématiques habituelles. Pour le bien-être animal, elle promet d’interdire "l’abattage sans étourdissement préalable". Cette stratégie est aussi utilisée à l’autre bout de l’échiquier par Nathalie Artaud qui martèle que "les problèmes écologiques illustrent l’urgence qu’il y a à enlever les leviers de commande aux groupes privés" et "l’urgence qu’il y a à supprimer le secret industriel".
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